Le 1o juillet, nous nous mettions en selle pour le première fois en Asie centrale. L’appréhension était au rendez-vous avec passablement de questions quant à nos capacités à pouvoir traverser ces pays en pédalant. Etions-nous vraiment prêts pour un tel périple? Nous venions d’acheter nos vélos et n’avions pas vraiment eu le temps de les tester. Nous n’avions jamais roulé plus de trois jours d’affilée ou avec un lourd chargement. En ce qui me concerne, je n’avais jamais mis de rustine et pour le reste des choses techniques, nous avons regardé quelques vidéos sur le net.
J’ai quelques fois remis en question notre choix d’itinéraire car commencer par le Tadjikistan pour un premier périple à vélo franchement c’est un peu gonflé.
Pourtant, 3 mois et quelques jours plus tard, le 15 octobre, nous terminons notre fabuleux périple à vélo très heureux et en pleine forme à Boukhara. Nous aurons quasi fait une boucle puisque à Samarcande, nous nous trouvions à moins de 200km de Douchanbé où nous avions commencé.
Nous aurons pédalé durant 4400km, gravi de nombreux cols, subi de nombreux faux plats, nous amenant à un total de plus de 34′ooom de dénivelé.
Nous avons rencontrés tous les types de routes en passant du magnifique béton tout neuf au sable. Certaines routes traversent de gros éboulements où cela devient difficile de ne pas poser le pied à terre. La plupart des pistes au Tadjikistan – on ne peut pas vraiment appeler cela une route – sont des tas de gravas qui ne sont pas faciles à gérer surtout en montée ou en descente. Le plus pénible pour tous les cyclistes sont les fameuses routes ondulées, genre tole métallique ou planche à lessiver. Cela n’avance pas et tu es secoué tel un prunier. En ce qui me concerne, j’ai horreur du goudron fondu dans lequel tu colles. D’autres routes sont criblées de nids de poule voire d’autruches à n’en plus finir. Bien souvent, le goudron fondu au soleil prend des formes assez artistiques. Après des kilomètres de routes pénibles, on apprécie beaucoup une route bien asphaltée.
Pour ce qui est de l’altitude, on nous avait prévenu: le passage d’un col à vélo cela n’est pas la même chose qu’à pied. En effet, pédaler avec 35kg de charge à 4660m est une expérience assez intéressante!
Question météo, nous avons été gâtés par un temps très clément. Un début très très chaud avec des pointes à 46 degrés: Nous nous renversions des gourdes d’eau sur la tête. Nous avons eu un peu de neige, de la grêle et quelques jours de pluie, mais pas de grosses intempéries. Pour un cycliste, c’est plus le vent qui peut tout changer. En effet, dans le dos, c’est un vrai bonheur. Par contre le vent de face, que nous avons eu a plusieurs reprises, c’est tout de suite moins drôle. Parfois il est tellement fort, que même à la descente il faut pédaler pour arriver péniblement à un 7km/h!
Sur la route nous rencontrions un peu de tout et cela dépend des pays. Au Tadjikistan, il y avait extrèmement peu de circulation. Dans le Pamir en été, il y a autant de cyclistes que de voitures. Chacun est dans un périple plus ou moins long avec diverses buts et motivations. Il y a ce fameux polonais que nous avons croisé plusieurs fois. La dernière fois, au Kirghizstan, nous y étions depuis une semaine et lui avait déjà fait le tour du pays en moins de deux semaines. Il prenait des itinéraires sans vraiment se soucier de savoir si il y avait une route. Il semble éprouver un certain plaisir à pousser son vélo et même parfois porter ses sacoches puis son vélo.
D’autres font un peu la course et cherchent la performance. J’étais un peu inquiète pour certains cyclistes malades qui se soignaient à coup d’anti-malariques pour une fièvre! Question matériel vélos, nous avons vu diverses options plus ou moins organisé ou non et plus ou moins en bon état. Nous avons entendu que certains hôtels refusent les cyclistes car ils ne sont pas toujours très propres! Lorsque nous étions avec Rahel et Jürg, un tenancier d’auberge nous a présenté son aspirateur pour que nous passions un coup sur nos sacoches avant d’entrer.
C’est vrai que nous accumulions beaucoup de poussière. Parfois, nous passions du temps à retirer toutes la crasse des gaz d’échappement qui se collait sur notre visage aidée, il est vrai par la crème solaire. Cependant, je crois que nous avons toujours réussi à rester présentables et le coup de l’aspirateur nous a bien fait marrer.
Les infrastructures touristiques ont souvent été très basiques. Nous logions souvent chez l’habitant qui nous laissait sa chambre ou son salon. Parfois, nous avons du nous arrêter des endroits assey incroyables et plutôt desertique. Un petit air de ce bon vieux western semblaient siffler au loin. Il ne manquait que Clint! Questions nourritures, cela fait 4 mois que nous mangeons quasi les mêmes choses. C’est pratique, on se prend jamais la tête pour déchiffrer une carte!
On se débrouille maintenant un tout petit peu (tschut tschut) en russe de toute façon, les questions et remarques sont souvent les mêmes: mmmmh velocipad, oooooh schwizaria….. skolka kilometer, musch jena (marie), malinki (petits voulant dire combien d’enfants) puis quoi pas d’enfants mais quel age? du coup Problem…. Malheureusement les discussions s’arrêtaient souvent là. Parfois quelques verres de vodka aidaient à aller un peu plus loin!
Nous aurons en tout cas beaucoup rit en essayant de se faire comprendre. A un guichet de train, après beaucoup de difficultés, nous avons réussi à acheter un ticket. En présentant notre passeport, l’employée a cherché la page en russe! Cela n’est facile pour personne. Heureusement, les gens sont honnêtes et ainsi même si on ne se comprend cela se passe bien.
Nous sommes aujourd’hui sur le trajet du retour à domicile avec des têtes remplies de merveilleux souvenirs. J’ai encore la larme à l’oeil lorsque je me souviens de tous ces sourires d’enfants qui nous courraient après. Nous ne nous attendions pas à rencontrer autant d’hospitalité dans tous ces pays.
Cette fin de voyage nous donne qu’une envie, celle de repartir…
SAINS ET SAUFS, heureux, le coeur et les yeux remplis de beaux et bons souvenirs, des anecdotes à se taper le Q parterre, des rencontres mémorables.. Une aventure humaine, sportive, géographique, culturelle, performante….. admirable!!!
Touchante synthèse à travers ces quelques lignes Sylvie, très touchante! Je ressens la nostalgie de ce long périple, au cumul de dénivelé in-cro-yable et aux conditions fort variables, peut-être trop court car “déjà” fini …. Mais ce goût d’une envie de repartir témoigne de la franche réussite de votre fabuleux voyage de routards chevronnés, aventuriers, un brin j’tés et infiniment félicités!
Y E S